Première Nuit [Libre]

Je m'asseyais sur le lit de la chambre numéro huit de l'auberge de Bourg Bépine. Je gardais les yeux baissés car je savais qu'en les levant, je me sentirai perdu. Depuis quatre ans j'avais enfin une chambre à moi. Et une fois de plus, j'avais abandonné tout ce qui m'appartenait.
Je me rappellais que le magicarpe que j'avais pris au fond du jardin était toujours dans son aquarium de fortune, dans mon sac à dos, il était temps de le mettre dans la pokeball que j'avais empruntée sur le ferry. Je tirais la fermeture du sac. Saloperie! Je l'avais mouillé en descendant du ferry, impossible de l'ouvrir avec une seule main. Je tirai avec les dents, le goût du sel m'envahit la bouche. Son amertume souligne le goût déjà amer que j'avais dans la gorge.
Magicarpe!

Le pokémon flottait dans son aquarium, comme mort, il respirait avec difficulté. Je le sorti de l'eau, sa bouche s'ouvrit et se ferma largement. Il étouffait! Vite de l'eau claire. Je le pris dans mes bras et pour la première fois le senti frémir de douleur. Je dévalais les escalier et rebondis contre la porte de la cuisine alors que je m'appuyais dessus pour l'ouvrir. Fermée. Je me souviens d'avoir vu des reflets argentés de la fenêtre de ma chambre. Il devait y avoir de l'eau dans le bois.

Essoufflé j'arrivais a hauteur d'une marre et y laissa tomber le poisson. Il sombra dans l'eau quelques secondes avant de se ranimer subitement. Donnant un coup queue pour se redresser, il effectua une joli courbe, sa nageoire dorsale sorti de l'eau noire, en fendit la surface en un éclat encore plus noir et il plongea au fond de la marre. Je venais d'être très con.

En scrutant l'eau sombre, dont les derniers remous s'effaçaient, je me rendis compte que j'étais seul. Je me relevai. Dans les bois, la nuit... Je ne m'étais enfoncé que de deux-cent mètre. Mais deux-cent mètre sous adrénaline, ce n'est pas pareil que deux-cent-mètre inconnus et à l'aveugle. J'ouvris le dessus de ma prothèse et actionna le briquet. La flamme était petite. Mais suffisante pour me rassurer complètement. J'approchais la main de l'eau, indiscernable. Je tenterai de repêcher le pokémon demain, sinon tant pis.

Je fis mine de ne pas le voir et continua mon chemin. Le pokemon me suivit de près et finalement, une douleur vive me fit sursauter. Je vis l'animal ouvrir la bouche, il revenait à la charge je détalais dans l'autre sens. Le pokemon me chargea? J'esquiva son attaque mais retomba dans la marre ou j'avais lâché le magicarpe. L'eau glaciale me prit, je la sentit rentrer dans ma prothèse, c'est comme si elle me bouffait mes propres doigts. J'AI HORREUR DE L EAU!
Je remontai à la surface le pokemon envoya quelque-chose. Je le reçut dans l'épaule trop froid pour bouger, ma jambe est lourde. Quelque-chose cogna mon dos, je ne réagit pas rien a foutre si la forêt est contre moi. Plusieurs têtes oranges remontèrent à la surface. Des magicarpe partout! Le pokemon renvoya ses balles, par reflexe j'attrapai au vol le magicarpe qui allait être percuté et me redressa d'un coup, je senti ma jambe se libérer, je lâchais le poisson et sorti de l'eau. J'attrapai le cran d'arrêt présent dans ma prothèse et courut vers le pokémon bleu. Il me scruta condensa ses muscles, cela allait être douloureux, il m'esquiva et manqua sa parade. Egalité balle au centre, je le loupai encore. Frigorifié j'étais bien trop lent.