[CAUCHEMAR] Réminescences

C'était une matinée pluvieuse alors que le cirque s'installait non loin d'Icéa, sur l'île Saule. Zacchary ne se rappelait plus pourquoi, mais sa famille avait décidé de s'installer pour quelques temps sur l'archipel d'Aiste et d'en faire le tour pour dispenser joie et bonheur aux aistiens. Peu importait la raison, au final, seul le résultat comptait.
Il avait aidé à installer rapidement le chapiteau, il fallait le faire avant que la pluie ne prenne trop d'ampleur, puis, une fois sa mission accomplie, il prit congé.
Accompagné d'Astley, ils s'enfoncèrent dans un bois, enfin, un semblant de bois. Saule était l'île la plus boisée d'Aiste, ainsi, même les sentiers pouvaient ressembler à des petits bosquets, et c'était loin de déplaire au petit clown équilibriste. Usant de son agilité, il grimpait aux arbres, laissant l'air se faufiler dans ses cheveux hérissés, jugeant inutile de se préoccuper des vêtements qu'il déchirait et de sa peau écorchée. Libre, il se sentait aussi libre que lorsqu'il jouait les funambules, et à ses côtés, Astley était là pour en profiter avec lui.
D'aussi loin qu'il se souvenait, le Baudrive avait toujours été à ses côtés pour le protéger et l'assurer. De même que lorsqu'il exécutait ses numéros, il l'avait toujours rattrapé à la moindre chute. Peu importait l'élastique tendu en bas, Astley et Zac le savaient, ils ne pouvaient avoir confiance qu'en eux même et en personne d'autre! Ils étaient unis, unis... Comme... Les... Doigts... D'une... Main...

La vision de Zacchary se brouilla. Unis ? Vraiment ? Alors pourquoi ? Pourquoi leur relation avait-elle autant changée ? Pourquoi lui même était-il devenu ce qu'il était à présent. Ce souvenir qu'il avait, ce souvenir de lui, heureux, avec son pokemon, grimpant aux arbres et jouant comme un jeune garçon qu'il n'était plus... Ce souvenir était factice, un rêve, et Zacchary le savait. Il savait contrôler ses rêves la plupart du temps, une vieille voyante du cirque le lui avait appris, pourtant, il n'arrivait pas à garder cette image, pourquoi ? Savait-il qu'il ne méritait pas d'être heureux, même en rêve ? Son lui factice fut soudainement pris d'une douleur au corps alors qu'il tombait de la branche où il s'était réfugié, il eut à peine le temps de voir le Baudrive foncer vers lui que tout se brouilla de nouveau.

Il était là, à nouveau, dans le repère des chercheurs de gènes. Réveillé ? Peut être pas. Connaissant ses cauchemars, il préféra rester au lit, ne prenant pas de risques. Il avait peur, pourquoi cette nuit était elle aussi tourmentée ? Etait-ce un symbole ? Quelqu'un voulait-il lui jouer un tour ? Enfuit sous les couettes, l'androgyne se dit que cet invité mystère avait réussi son coup, néanmoins, il ferma les yeux, violemment, comme pour oublier ces pensées. Il ne voulait pas être là, il voulait retourner dans son rêve, là où il savait que peu importait ses décisions, car il pourrait toujours les changer d'une simple idée.
Ahh, si la vie pouvait être un rêve... Et à nouveau, il eut l'impression de tomber dans les bras de Cresselia... Ou de Darkrai, tout dépendait du point de vue.

C'était une matinée pluvieuse sur l'île Saule. Accoudée à un bar, Zac sirotait un chocolat chaud, lorgnant par la vitrine Oka. Pour la suivait-il ? Il ne savait pas, dans son rêve, il l'avait rencontré alors qu'elle acheté des fleurs, et il l'avait accosté, l'appelant Floette. La réaction boudeuse de la jeune fille l'avait fait sourire, et le voilà, suivant la demoiselle.
Il se sentit ridicule, autant, dans la réalité, suivre Oka lui paraissait normal car il devait lui voler son Zorua, autant, dans son rêve, il n'en voyait pas la raison, pourtant il été là. Que cherchait-il à faire ? Il avait même altéré l'image de la dresseuse pour la faire paraître plus féminine. Oka, en petite robe blanche à volants... Pour un peu, si l'idée ne venait pas de lui, il en aurait rit... Et puis, il se regarda, et il toucha le fond. Adieu boucle d'oreilles, talons et coupe en dégradé, bonjour le look faussement négligé. Il avait gardé sa colère, mais il était habille bien plus décontracté, masculin même...
Arceus qu'il se sentait ridicule, pourtant, bien qu'il aurait voulut disparaître de ce rêve, il n'y arrivait pas. Il pesta intérieurement en apercevant un collègue à lui faire la cours à Oka, et puis, aussi parce qu'il ne comprenait pas le sens de tout cela. Pourquoi la dresseuse aux yeux insupportablement vairons occupait autant ses pensées... Oka, sors de cet esprit !
Il ferma les yeux, se concentrant, peut être que lorsqu'il les rouvrirait, il aurait changé de lieu... Même Icendo lui semblait une meilleure alternative. Il ne les rouvrit que lorsqu'il entendit un claquement. Oh... Joie, Timéo, Timothée, ou peu importait son nom, venait de se faire gifler, et la brunette se dirigeait vers lui. Vers lui ? Pourquoi son lui factice souriait bêtement à cette idée, alors que lui paniquait intérieurement.
Le décor autour d'eux s'effondra alors soudainement et Oka sembla soudainement entraînée par une force mystérieuse en arrière. Elle tendit les bras vers un Zacchary surpris qui tenta automatiquement de l'attraper, en vain, la jeune fille fut irrémédiablement happée par une force inconnue. C'est alors qu'une voix se fit entendre, une voix de femme, mais pas celle d'Oka.

« Zacchary, tu es l'élu, si tu veux sauver Oka, tu dois capturer Astley car il terrorise le monde... »

Astley ? Le monde ? Sauver Oka ? Trop d'interrogations, l'androgyne se laissa happer par les ténèbres de la confusion. Qu'avait avoir Astley dans tout ça et puis... Et puis, qui était Astley ?
Lorsque Zacchary se releva, il était couché sur un matelas de pailles. Le décor autour de lui ne lui disait rien, on aurait dit une cellule, sombre et humide. Une goutte d'eau tombait inlassablement derrière lui, et il se sentit faible. Il avait peur, irrémédiablement peur. L'enfant qu'il était devenu ne savait pas ce qu'il devait faire... La porte de sa cellule s'ouvrit alors, et se relevant complètement, il marcha à tâtons vers la sortie. Passant une bouille timide dans le couloir, il hoqueta de surprise lorsqu'un feulement retentit et qu'un Miaouss lui sauta dessus. Il hurla, se débattant et tombant, et ce n'est qu'après lui avoir lacéré la joue que le félin s'enfuit en courant, laissant l'enfant seul, éploré et terrifié.
Dans un sanglot, il appela deux personnes, il émit deux noms qu'il ne connaissait pas, mais qui le rassurèrent au moins un minimum. « Astley... Oka... ». Sanglottant, il se recroquevilla sur lui même, tout contact avec son lui réel avait disparu, désormais, ce qu'il se passait ici était la réalité pour lui.

Terrifié, effrayé, le petit Zacchary tenta tant bien que mal de se remettre sur ses jambes. Il avait froid aussi, dans ce couloir sombre. Il sanglota encore un instant, regardant autour de lui. Les personnes qu'il avait appelé ne venait pas, que devait-il faire maintenant ? Continuer ? N'était-ce pas plus prudent de rester dans sa cellule et d'attendre la mort ? Car oui, étrangement, il savait que s'il restait là, son sort ne serait pas enviable, mais au moins, il ne souffrirait pas en se berçant de vaines illusions, non ?
Ainsi, il tenta de reculer, mais la porte se referma brutalement devant lui, lui coupant son échappatoire. Un bruit familier parvint à ses oreilles, sans qu'il puisse l'identifier, il comprit néanmoins dans ce bruit d'hélium un « Tu fuis beaucoup trop Zacchary ». Hoquetant de surprise, il se recroquevilla contre un mur, s'accroupissant et enfouissant sa tête entre ses jambes. Il fuyait beaucoup trop ? Mais il n'était qu'un enfant, que pouvait-il bien faire dans une situation comme celle-ci ?
Désespéré, peu importait si sa cellule était fermée, il ne bougerait pas, il avait peur, trop peur de bouger. Et s'il choisissait le mauvais chemin ? Et s'il se trompait et qu'il tombait sur quelque chose de pire que ce qui était censé l'attendre. « BOUGE ! » ordonna la voix d'un peu plus tôt, mais l'enfant sursauta simplement, se serrant encore plus pour tenter de rapetisser.
Ce n'est que lorsqu'il entendit un bruit de fracas qu'il se redressa légèrement. Autour de lui, le décor changeait, les murs de sa prison s'effaçaient pour laisser place à une luxuriante forêt. Lui même était appuyé contre un arbre imposant et majestueux, et quand il leva la tête pour tenter d'en apercevoir la cime, il ne vit qu'un pokemon qu'il ne connaissait pas. C'était rond, avec des piques vertes. Avant que ça ne bouge, il le prit pour un fruit. Enfin, ça, c'était avant de le voir s'agiter pour tomber droit vers lui. Surpris, l'enfant se jeta sur le côté pour éviter la chute mortelle du pokemon, grimaçant car il s'était fait mal. Il toisa son bras meurtri, mais n'eut pas le loisir de s'y attarder car derrière lui, le Grindur s'agita. Allait-il attaquer ? Non, pitié, pas ça... Zacchary, apeuré, put néanmoins réagir. Faisant volte face, il courut à perdre haleine pour s'éloigner de ce danger. Il ne savait pas où il allait, il savait juste qu'il ne voulait plus être là, qu'il voulait s'enfuir.
« A l'aiiiide » hurla t-il à se déchirer la gorge, mais personne ne lui répondit. Désespéré, il finit par s'arrêter de courir pour reprendre son souffle et éviter une nouvelle chute. Ses poumons lui brûlaient et sa gorge aussi. La voix d'avant avait dit de bouger, il avait bougé, et maintenant ? Même si c'était contre son gré, il avait fait ce qu'on lui avait dit de faire...
Enfin, pas entièrement, mais il ne se rappelait pas de la première consigne alors, un nouveau Grindur lui tomba dessus, enfin, par chance, à côté, l'obligeant à reprendre sa course folle à travers les bois. Les branches lui fouettaient le visage, et il eut bien envie pendant un instant de s'arrêter là et de se laisser réduire en purée par les pokemons des arbres, pourtant, une vois l'en empêcha.
« Tu... Tu ne sais rien, si j'ai pleuré c'est parce que... »

Cette voix, cette intonation, il la connaissait. Enfin, pas l'enfant qu'il était, mais l'adulte qui sommeillait dans son inconscient oui, l'obligeant à se diriger vers cette voix. Il devait aller par là, il devait le faire.

Guidé par une voix inconnue et féminine, entrecoupée de sanglots plus lointain, le petit Zacchary avançait à tâtons. Il avait quitté la forêt pour un sentier qui, bien que restant verdoyant, était beaucoup plus désert que le dernier lieu qu'il avait visité.
La nuit était tombé, il pleuvait même, ce qui arracha un éternuement à l'enfant qui frissonna. Il ne savait toujours pas où il était, et il ne savait toujours pas où il voulait aller. N'aurait-il pas du pleurer pour retrouver ses parents ? C'est ce que tout enfant normal aurait fait, pourquoi pas lui ? Triste, il observait les alentours sans rien reconnaître. Ses parents, il ne les aimait pas, mais il ne les détestait pas non plus. En réalité, il les connaissait à peine. Des gens du cirque, toujours à travailler, à jouer un rôle. Il détestait ça, des gens trop fabuleux, trop souriant. Il en avait peur, il les trouvait faux. Deviendrait-il un jour comme ça ? Il n'espérait pas, et à cette pensée, un éclair lui traversa l'esprit, affichant l'image d'un homme, ou d'une femme, aux couleurs chatoyantes, au sourire bien trop grand et au style bien trop m'as-tu-vu.
Il lui semblait le connaître, mais il ne voulut pas creuser la question plus longtemps. Non, décidément, il ne pouvait pas devenir comme ça, tout de même pas... Si ? Une nouvelle douleur au crâne l'obligea à se laisser choir au sol. A genoux, il attrapa sa tête entre ses mains, gémissant de douleur. Pourquoi ? Il ne comprenait pas, il avait mal, méritait-il vraiment ce destin ? Qui pouvait donc bien s'amuser à le faire souffrir de la sorte.

« Je ne m'amuse pas, je fais ça pour toi »

La même voix qui lui avait ordonné de bouger. Le ton semblait désolé, alors pourquoi faire ça. Joignant l'action à la pensée, Zacchary se releva, questionnant cette force supérieure sur les motifs et les raisons de son action, mais elle resta muette, impénétrable. L'enfant baissa les bras, soupirant, retenant ses larmes. Et maintenant ? Il ne savait toujours pas quoi faire, ni la raison de sa présence. Pourquoi ne pas simplement lui dire ce qu'il devait faire ? Il le ferait, et c'était tout...

« Non, c'est ça ton problème. Zacchary, je veux que tu choisisses seul, pas que tu te laisses porter »

A nouveau cette voix, intransigeante. Un éclair retentit pour exprimer son mécontentement, faisant frissonner l'enfant. « Pourquoi moi ? » lui murmura t-il. « Je ne suis qu'un enfant, je ne peux rien faire... ». Mais cette fois encore, aucune réponse ne vint. Faisant de son mieux, Zacchary reprit alors la route, dépité. Il devait décider, choisir quelque chose, mais quoi ? Finalement, il se laissa choir à nouveau, sans espoir... Ce qu'il pouvait être désespérant... Il fallait agir à nouveau pour le faire réagir, et bien vite, un Balbuto apparut derrière lui, le surprenant. Usant de ses facultés psychiques, il fit léviter l'enfant pour le projeter un peu plus loin.
Message reçu, il n'avait pas le droit de s'arrêter de marcher... Sanglotant, il reprit sa route en essuyant son nez d'un revers de coude. Désormais, et à cause de la chute que le Balbuto lui avait infligé, il était plein de boue. Il était sale, en piteux état, triste, et surtout, seul, horriblement seul.

Plein de gadoue, Zacchary était résigné. La voix ne le laissait pas s'arrêter, s'il le faisait, elle lui envoyait des pokemons pour l'obliger à reprendre la route. Ainsi, seul et fatigué, il déambulait sans but sur ce sentier inconnu. Il avait mal aux pieds d'avoir tant courut, il avait mal à la joue à cause du Miaouss, et mal au bras parce qu'il était tombé. Et puis en fait, il avait mal partout à cause de ce Balbuto. Reniflant de temps à autres, il jetait des regards à droite et à gauche pour trouver un indice, quelque chose qui lui donnerait une piste sur ce qu'il devait faire.
La voix lui avait dit de choisir, mais choisir quoi ? Il n'y avait même pas de choix, de décisions à prendre, qu'était-il censé faire ?
Dire qu'il était perdu aurait été un euphémisme, et le pire dans tout ça, c'est qu'il était perdu dans son propre esprit. Il était enfant, mais en lui, l'adulte qu'il était réellement se réveillait peu à peu, et il n'appréciait pas ce qu'il voyait. Sentant le contrôle sur ses rêves se perdre, l'auteur de l'incident chercha à reprendre les rennes de la situation. Il fallait mettre Zacchary en face de son problème avant qu'il ne soit totalement fermé à toutes suggestions, ainsi, l'enfant tomba.
Le sol sous ses pieds se déroba, le laissant penaud, attiré par les entrailles de la terre. Lorsqu'il atterrit, se fut sans mal, à sa grande surprise. Il se trouvait contre une vitre, de laquelle il pouvait voir un Métamorph.
Le sol s'inclina alors soudainement de 90 degrès, le faisant se retrouver face à face avec l'étrange petit pokemon rose. Les deux créatures se fixèrent, sans comprendre leur rôle dans cette histoire. Zacchary tenta un salut timide d'une de ses mains pleine de boue, mais le pokemon ne répondit pas. Au lieu de ça, il sembla se convulser. Peu à peu, la substance rose qui lui servait de corps se déforma et s'étira, prenant peu à peu une forme humaine sa forme. Terrifié, l'enfant fit quelque pas en arrière alors que la créature prenait des couleurs. Ce Métamorph était désormais sa copie conforme, et ils se dévisageaient tous deux, un air tourmenté sur le visage. A quoi tout cela rimait-il ?
La question eut à peine le temps de s'acheminer dans l'esprit de l'enfant qu'il était propulsé dans une autre salle. Il était en l'air, et il observait son double au sol. Zacchary 2 avançait hésitant, fixant des portes irrémédiablement identiques. De temps à autres, il s'approchait de certaines portes, les effleurait, puis revenait à son point de départ. Les seuls fois où il en traversait une, c'était parce qu'un bras l'y avait traîné de force, et loin de s'en plaindre, son double s'en accommodait parfaitement, continuant son chemin.
Etait-ce symbolique ? La voix se plaignait-il de ça chez lui ? Mais en l’occurrence, lui, il n'avait eut aucune porte à choisir... Et la fois où il avait voulut choisir, on l'en avait empêché, alors, tout cela n'avait aucun sens, vraiment !
Zacchary le voleur se réveilla alors soudainement dans son corps d'enfant. En colère, furieux, il détruisit le décor autour de lui, cette image n'était pas la sienne ! Il ne l'accepterait pas ! Pourtant, force était de constater qu'il n'avait toujours pas le contrôle sur ce rêve. Loin de là, une force obligea sa conscience se rendormir, laissant une moitié de Zacchary adulte, et l'autre enfant. Non, il n'en avait pas finit avec lui, il fallait lui faire ouvrir les yeux.
Alors que l'enfant se releva à nouveau sur le sentier boueux, il tourna sur lui même surpris, et une voix se fit entendre, la même qu'au début.

-Trouve le spectre, capture le et fais toi respecter...

Le ton venait de lui même, était-ce son inconscient qui tentait de communiquer avec lui ?

Il était à nouveau seul sur le sentier. Sa dernière rencontre l'avait laissé perplexe. Pourquoi lui faire ce genre de reproche ? Il n'avait jamais eut de choix majeur à faire dans sa vie, d'aussi qu'il se souvenait, il avait toujours été au cirque, avec ses parents qu'il connaissait à peine, les jongleurs, les clowns, les animaux et les dompteurs, et puis, il y avait autre chose, autre chose dont il ne se souvenait pas. Et c'était là que ça bloquait.
C'était le reste des souvenirs dont il devait se souvenir pour donner un sens à ses visions, pourtant, impossible de les réveiller sans réveiller une autre partie de lui, autre partie de lui que la voix ne voulait pas voir venir. Il était prit en étau, incapable de réagir. C'est alors qu'un événement étrange se produisit. Entendez par étrange, qui ne s'était pas encore produit. Un Balbuto apparut devant Zacchary, mais loin de l'attaquer comme l'avait fait tous les pokemons, il s'illumina. Il devint si lumineux qu'il aveugla presque l'enfant. Des brides de son avenir, de son passé lui parvinrent alors.
Il se vit sur un sentier, avec un pokemon flouté, devant une jeune fille aux yeux vairons. Il était plus grand, différent, plus acteur. Il souriait, alors qu'il était visiblement irrité. Juché sur ses talons, il dévisageait sa victime, se délectant visiblement de son malheur et de ses larmes.
Autre endroit, autre temps. Les mêmes personnages, mais il a l'air fière, un pokemon sur l'épaule devant le choc d'Oka. Oh, alors c'est elle l'Oka qu'il avait appelé avant ? Pourquoi l'avoir appelé, s'il allait lui faire du mal ?
Il se vit s'éloigner, emportant avec lui l'ami de la jeune fille, il jubilait, il était heureux... Non, il avait l'air heureux, à l'intérieur, il n'était rien, rien d'autre qu'une noix vide et pourrie. Il ne voulait pas devenir ça.
Les yeux de Zacchary l'enfant se remplirent de larmes alors qu'il s'observait faire ce qu'il faisait. La colère qu'il avait prit en découvrant la supercherie d'Oka, et les plans pour la faire pleurer à nouveau. Il avait honte, si honte de ce qu'il allait – était devenu. Pourquoi ? Pourquoi ? Il s'affaissa à la vue de tout ça, sans se rendre compte qu'il n'était pas le seul à observer la scène.

Derrière lui, Zacchary, le vrai, l'adulte, le voleur, le chercheur de gènes regardait le spectacle qui s'offrait à lui. Pathétique, alors comme ça, l'enfant qu'il était n'était pas fière des décisions qu'il avait prise ? Il n'était pas encore passé parce que qu'il avait vécu, c'était normal...
Pourtant, il devait bien avouer qu'en ce moment, il se sentait vide, dénué de sentiments. Son visage avait perdu de ses couleurs, son sourire avait disparut. Un miroir apparut devant lui, lui renvoyant sa propre image blafarde. Oh, pas beau à voir. L'androgyne ferma les yeux, refusant d'en voir plus, puis il disparut, laissant à nouveau l'entière place à l'ancien lui. Après tout, il était encore fatigué, il voulait dormir, non ?

Il était partit, à nouveau. Zacchary l'adulte, le voleur, avait laissé l'entière place à son lui enfant. De toute façon, il ne s'agissait que d'un rêve, au pire, il se réveillerait dans la réalité avec une sale migraine, et c'était tout. Ah, et il ne devait pas oublier d'infliger une bonne correction au fauteur de troubles.

En attendant, Zacchary l'enfant, le petit Zacchary était toujours piégé dans ce cauchemar, impuissant. Impossible de trouver une échappatoire, et il devait voir et revoir les crimes qu'il avait commis, jusqu'à ce que son bourreau le laisse enfin en paix.

« Tu regrettes, n'est ce pas ? »

Regretter ? Mais ce n'était pas lui qui avait fait ça. Lui, il n'aurait jamais attaqué quelqu'un, ni volé son précieux pokemon. Son cœur se serra dans sa poitrine alors qu'il luttait contre les larmes qui, malgré sa volonté, continuaient de couler le long de ses joues.
Grand moment de faiblesse, les visions finirent par se stopper, à son grand soulagement, enfin, avant qu'elles ne soient remplacées par quelque chose de pire : Oka.
Voir la jeune fille en elle même n'était pas un cauchemar, mais elle pleurait. Puis soudainement, elle prit une mine furieuse. « Tu ne ferais jamais ça ? Alors pourquoi l'as tu fais ? Espèce de fausse diva ! ».
Le choc, le mindbreak. Zacchary l'enfant fut détruit. Son image se fissura peu à peu avant d'éclater, laissant à nu (mentalement parlant) devant sa vision. L'insulte aurait dut l'offusquer, pourtant, il ne pouvait que fixer Oka devant lui qui l'engueulait royalement. Etait-ce réellement ça son cauchemar ? La colère d'Oka, il ne pouvait pas le croire, pourtant, mais s'il n'avait pas peur, il se sentait mal, affreusement mal.
Mais s'il était aussi mal à l'aise maintenant, pourquoi n'avait-il pas ressenti la même chose devant ses actions ? Sa conscience, si elle était aussi honteuse de lui, n'aurait-elle pas dû l'arrêter ? Tout cela n'avait aucun sens, et il conclut que c'était l'auteur de cette mascarade qui lui insufflait ce sentiment de culpabilité. Pourtant, au fond de lui, tout au fond, il se disait que c'était faux, qu'il jouait un rôle, et qu'il ne voulait pas enlever son masque de peur de se voir en vrai, de devoir affronter son regard, mais surtout celui des autres...

La constatation était douloureuse, beaucoup trop à son goût. Il ne comprenait pas, n'était-il pas censé être dans un rêve ? Pourquoi tout cela avait-il autant de sens à ses yeux ? Pourquoi avait-il aussi mal ?
Il se torturait lui même, entendant Oka à l'intérieur et à l'extérieur, puis, à sa voix vinrent se mêler celles des autres, Astley, Kandy et Zadig, et puis la toute nouvelle venue, Fanchon. Tout ça prenait de trop grandes proportions, il avait l'impression qu'il allait exploser et imploser, tout ça à la fois. Que faire ? Comment faire pour se calmer ? Il ne savait pas, il ne savait plus.
Il pouvait désormais mettre une définition précise sur la confusion car en ce moment même, il l'éprouvait, et de la plus violente des manières.

[Zacchary est confus]
[Zacchary se blesse dans sa confusion]

La douleur était telle qu'il préféra se frapper lui même, oui, comme le ferait un pokemon en proie à Ultrason. Comme l'enfant qu'il avait été, il se laissa aller au sol, se recroquevillant sur lui même, implorant silencieusement que tout cela s'arrête. Il n'en pouvait plus, il n'avait plus de barrière mentale. Son masque de voleur était tombé, son masque d'enfant était tombé, il ne restait que lui, lui, le simple Zacchary. Ancien clown, potentiel funambule, éternel indécis. Il était faible, mis à nu contre ces attaques psychiques.
La voix lui avait qu'elle faisait ça pour son bien, pourtant, il souffrait, il souffrait plus qu'autre chose.

« Mais c'est pour ton bien, tu dois te rendre compte »

Elle résonna à nouveau, forte, dure, et pourtant étrangement compatissante. Il connaissait cette voix. Et puis, il se rendit compte que cette voix n'était pas censée être capable de prononcer des mots. Et c'est alors qu'une autre voix surgit au fond de sa mémoire « Capture Astley, il terrorise ton monde ». Il ferma les yeux, celle là aussi il la connaissait, il la connaissait même très bien, car il s'agissait de la sienne.
Astley... C'était donc toi qui tirait les ficelles de ce cauchemar depuis le début ? Sûr de sa conclusion, Zacchary se releva, les larmes aux yeux, plus détruit que reconstruit, murmurant une simple question « Pourquoi ? »

Sa question resta sans réponse.
Le silence autour de lui se fit soudainement pesant, bien plus qu'avant. Le paysage lui même sembla se figer. Astley regrettait-il d'être allé aussi loin ? Impossible de le savoir jusqu'au réveil, mais au réveil, Zacchary ne serait plus le même que celui sans défense, plongé dans ses pires cauchemars.
N'en déplaise aux mauvaises langues, et bien qu'il s'aimât à se pomponner, l'horreur pour Zacchary n'était pas de voir ses talons réduit en miettes, ou de changer d'apparence pour devenir un hideux Goinfrex, non, loin de là.
Sa pire peur, c'était lui même. Lui même, oui, sa personne, ses doutes, ses erreurs. L'introspection, qu'elle soit consciente ou pas, était sa pire ennemie, la chose qu'il évitait le plus au monde. Il était toujours resté en mouvement pour l'éviter. Penser à des choses futiles n'était pas son passe temps préféré, pourtant, il devait avouer que c'était bien utile pour fuir.

Fuir... Ce mot résonna en lui à nouveau. Il devait bien avouer que oui, c'était quelque chose qu'il avait souvent fait. Il avait fuit devant le cirque pour éviter d'avoir à choisir. Fuit devant Oka une première fois pour ne pas avoir entièrement le mauvais rôle, et fuit une deuxième fois pour ne pas avoir à affronter son regard vairons.
Tiens, parlons en de son regard, s'il n'aimait pas l'assymétrie de son visage, c'était uniquement car ses yeux transcrivaient trop bien ses émotions, et reflétaient son image. Oui, l'image d'un sombre voleur sans scrupule, une fausse diva au goût vestimentaire douteux.

Mais était-ce bien ça le problème ? Ses vêtements ? Allongé au sol, l'air hébété, il leva les yeux au ciel, attendant une réponse évidente. L'habit ne fait pas le moine, c'était bien connu, alors, il pouvait bien se promener avec une fausse plume de Guériaigle dans les cheveux, ce n'était pas ça le problème. Le problème c'était ses actes. Pourtant, pas une fois il ne s'était remis en question, pourquoi maintenant ?
Il renifla avec difficulté. Astley, pourquoi lui faire subir ça ? Résigné, hébété, il était peu probable qu'il ne se relève comme l'enfant lui l'avait déjà fait plusieurs fois. Enfant, il avait encore des rêves et de l'espoir. Désormais, il n'était réellement plus qu'une noix vide et pourrie.

Triste constatation...

Triste, réellement triste constatation.

Il en venait lui même à se dédaigner, à remettre sa propre existence en question. Pourquoi était-il né ? C'est vrai, après tout, n'y avait-il pas ici bas une théorie selon laquelle chaque être vivant avait une mission bien définie à accomplir sur la terre ?
Si oui, qu'elle était sa mission à lui ? Pourrir la vie d'une jeune dresseuse pour la rendre plus forte en cherchant à tout prix à la détruire ? Détruire le sens de la mode des gens ?

Hébété et abattu sur le sol froid du sentier, Zacchary ferma les yeux. Etrangement, Astley n'était pas repassé à l'offensive pour le faire réagir, peut être était-il lui aussi résigné, convaincu que Zacchary ne bougerait plus jamais, du moins jusqu'à son réveil dans le monde réel... Mais se réveillerait-il un jour ? Il lui semblait qu'il rêvait depuis des mois sur le même thème, tournant inlassablement en rond. Il était fatigué, alors qu'il était censé se reposer. Grand Arceus, il comprit pourquoi Icendo ne dormait pas souvent. Il avait lui aussi sûrement des rêves de la sorte qui remettait en cause ses actions... Ou peut être qu'il ne voulait tout simplement pas s'en accorder le luxe.
Dans tous les cas, le voleur soupira et ferma les yeux. Peu importait ce qui lui arrivait maintenant. Astley voulait qu'il fasse un choix ? Très bien, le sien seraient de ne plus bouger jusqu'à être enfin libérer de ce rêve... Enfin cauchemar.

Peu importait le temps qu'il devrait attendre, après tout, sa vie et sa mission n'étaient pas si importantes que ça, n'est ce pas ? Le monde pouvait bien se passer de lui quelques temps, c'était indéniable.

Le laps de temps entre la fermeture de ses paupières et l'ouverture de celles-ci lui parut éternelle, pourtant, il ne s'était passé que quelques minutes entre les deux. Il était dans le monde des rêves tout pouvait se passer.
Etrangement, – enfin, tout dépendait du point de vue – il était revenu au café du début de son rêve, là où il espionnait Oka lorsqu'elle avait eut un genre de rendez-vous avec l'un de ses collègues. Mais contrairement à la première fois, il était lui, habillé comme à l'accoutumée, et Oka était elle, et non pas la jeune fille fleur bleue qu'il avait imaginé la première fois.
Comment dans la vrai réalité.
Il resta un instant penaud, fixant les alentours l'oeil hagard. Que faisait-il là ? Devait-il attaquer Oka pour la voler ? L'espionner ? Lui payer un repas ? … Il ne savait pas, mais bien qu'ils soient dans un rêve, il doutait fortement que la brunette accepte une invitation de sa part. Alors quoi ?
Rester indécis, continuer d'être lamentable et se complaire dans sa médiocrité... Hmm, à bien y réfléchir, cela ne lui semblait pas une mauvaise idée. Il ne se voyait pas faire demi-tour, il était descendu trop bas dans la déchéance, et puis, il n'était pas si malheureux que ça, si ?
Peu importait, il s'assit à une table, lançant un regard à la brunette. Les visions s'étaient calmées depuis qu'il avait changé d'endroit, maintenant, il pouvait se poser une vraie question : pourquoi elle ? Pourquoi était-ce Oka qui apparaissait dans ses rêves ? Il ne savait pas, pourquoi pas une autre personne, comme... Sa mère par exemple ! Quelqu'un qui devrait vraiment compter pour lui, capable de le faire changer, de donner un sens à ce changement...
Et puis il se rappela. Il n'aimait pas ni ne détestait ses parents, ceux-ci ne pouvaient pas le faire changer.
Enfin, cela ne répondait pas à sa question. Il avait dut voir Oka deux fois dans sa vie. Elle était intéressante et pouvait parler aux pokemons, et ensuite ? Il s'en fichait, non ? A la rigueur, Astley aurait plus de poids dans son idée de changement que...
Quoi ? Venait-il de penser ce qu'il venait de penser ?
Il aimait Astley... En réalité, il aimait ses pokemons, mais de là à l'avouer... Il les aimait comme un peintre aime ses pinceaux, il n'avait jamais pensé à eux d'une autre manière que comme des outils... Et pourtant... Son premier rêve lui revint en mémoire, lui et son Baudrive, veillant l'un sur l'autre, une vision bien onirique du lien qui les unissait... Mais elle était fausse. A nouveau, il se prit la tête dans les mains. Il devait arrêter de penser, stop, juste se réveiller.
Se réveiller ! Se réveiller... Oui !
Il était réveillé !
Spirituellement parlant, bien entendu, il avait récupéré son masque, et Arceus, ce que ça faisait du bien. Il n'était plus une coquille vide sans désir, mais bel et bien Zacchary, le voleur, le chercheur de gène. Et pour mettre un terme à cette mascarade, pas le choix, c'était Astley qu'il devait trouver. Ca ne devait pas être si difficile que ça, il venait de reprendre les rêves, et déjà, les images du café crées par le Baudrive se détachaient.
Bientôt, pokemon et dresseur se retrouvèrent face à face, le premier plus mal à l'aise que jamais.
Zacchary, une pokéball dans la main jongla distraitement avec, c'était ça la solution, aussi farfelue soit-elle, il devait recapturer son pokemon. D'un geste vif, la pokéball heurta deux fois le ballon avant de l'enfermer la troisième fois. Astley ne tenta pas de résister, il était trop tard pour contrer la volonté de ce Zacchary, tant pis, il retenterait sa chance l'année prochaine...

Dans le dortoir des chercheurs de gènes, Zacchary émergea difficilement de son rêve. La migraine qui le prit lorsqu'il se redressa le cloua au matela, et il pesta. Il vit non loin de là sa ceinture à pokéball, et lorgna d'un air mauvais sur celle de son Baudrive. Aujourd'hui, il resterait sûrement au lit, de toute façon, il n'aimait pas les Pitrouilles, mais l'affaire n'était pas close, loin de là...