[ Concours n°1 ] Les grêlons de Mars - Première Manche

" Evoli ! "

Je ne te décevrais pas, voilà ce que je voulais lui dire avec tant d'entrain. Je me sentais à nouveau aspiré dans le cocon rouge et blanc avant d'en ressortir aussitôt entouré des feuilles d'automne qui m'accompagne depuis ma naissance.

C'était le moment, celui de jouer avec le sable, les petits grains dorés. Je me sentais agile et débrouillarde. Bien que j'aie encore du mal à jeter un regard vers le public, je sautillais, en rythme et avec un certain amusement. Je disparais autour de moi de multiples grains de sable qui s'évadaient de ma queue. Ils étaient fins et je devais les déposer sur le sol avec une certaine précision. Je savais qu'Harmonie comptait sur moi et je ne la décevrais pas, je serais un artiste, tout comme elle. Je pensais ça ça, plus fort que tout, pour éviter de songer aux regards posés sur mes actions... Je ne pensais qu'à elle et nos répétitions, ses encouragements. On y arriverait, ensemble!

Alors sur le plancher de la scène je dessinais, manquant une ou deux fois de glisser sur mes propres pépites sablées, j'essayais de me concentrer pour réussir à former une belle et grande rose. Je la toisais et cela me rendait plutôt fière. Je commençais à savoir ce que c'était de prendre de l'assurance, et cela faisait étrangement du bien. Je sentais qu'au centre de mon corps, quelque chose palpitait et remontait le long de ma gorge pour me rendre étrangement heureuse. Quand j'entendais les félicitations d'Harmonie, je ne me sentais que comblée! Oui, j'y étais arrivée, j'étais surprise mais les entrainements avaient payé.

Tout était passé si vite, c'était déjà le temps des dernières tentatives, du dernier coup de pression, du dernier mouvement. Je remuais légèrement la queue, qui allait me servit de médium indispensable pour cette dernière réalisation. Je jetais un dernier coup d'oeil à ma dresseuse avant de m'avancer vers le pot, remuant doucement mon postérieur, plongeant mon bout de poil dans le pot de peinture, je dansais légèrement sur la toile, peignant avec la droite de sensation de me mélanger à cette texture colorée. Et comme le tour précédent, je me concentrais au maximum pour rendre harmonie fière et dessiner pour le mieux. Après quelques minutes de coup de queue léger et aérien, j'avais tenté de reproduire le fabuleux tableau du papa de ma dresseuse. Je n'étais pas peu fière. Je la regardais silencieusement jusqu'à ce qu'Harmonie la récupère, c'était le signal pour le final. Je secouais ma queue our faire partir les dernières gouttes de peinture, puis la fit briller avec force. Cette attaque était dure à maîtriser pour moi mais je la fis devenir dure comme l'acier. Penant mon élan, je me préparais à sauter sur la toile. Hop, un saut, et je découpais la toile aussi aisément qu'avec des ciseaux. Voletants dans les airs, nous nous dépêchions de pêcher le maximum de petits brins de toiles pour en distribuer à ceux qui nous avaient observés.

La suite du concours s'était déroulée sans accroc et je sentais même mon esprit s'apaiser, ce n'est qu'une réalisant la dernière révérence que je m'apercevais du trac qui j'avais combattu, je regardais Harmonie avec un grand sourire en enjoignant les coulisses. Je la remerciais du fond de mon coeur, car des jours en jours elle m'aidait à me surpasser... Je me sentais bien, là.